Je suis sociologue de formation ayant fait des études en communication sociale après l’université. Je me suis focalisé à faire des recherches sur les relations sociales et les dynamiques sociales au sein d’une communauté. Plus particulièrement, mes recherches s’orientaient autour des signes et significations dans des contextes interculturelles. Etant convaincu que les comportement des membres d’une société impactaient la dynamique sociale, la vie du groupe, et le développement de la communauté. En 2012, un feuilleton radiophonique produite par Search, qui s’intitulait VOHIDRAZANA (Village des Ancêtres) dans le cadre du projet “Promotion de la cohésion sociale a travers les médias à Madagascar” et financé par L’union Européenne m’avait intriguer vu l’approche et la manière dont le sujet était abordé et traité dans le feuilleton concernant les problèmes sociaux et les conflits y afférents. Après des recherches approfondies sur cette organisation, Search, ma conclusion fut simple, nous regardions dans la même direction avec la vision Search. Diplôme en 2014, j’ai postulé pour un poste d’assistant suivi d’évaluation pour Search. N’ayant pas d’expérience requis (jeune diplômé), je n’avais pas été retenue. Quelque mois plus tard, ma candidature fut retenue pour intégrer leur équipe de suivi d’évaluation pour une étude de base sur un nouveau projet. J’ai saisi cette opportunités qui m’était offerte. Depuis lors comme consultant puis responsables des activités communautaires, avant de devenir coordinateur DME, un poste que j’occupe depuis 2015. Ce poste m’a fait acquérir des nouvelles connaissances vu la diversification des projets que Search Madagascar met en oeuvre, les projets avec les Nations Unies et les projets avec le secteur privé. A travers ces projets, j’ai pu diriger des analyses de conflits et des analyses institutionnelles.
En Janvier 2018, on j’étais invité à diriger une analyse de conflit et de genre pour le bureau de pays de la République Démocratique du Congo pour leur projet «Tushinde», qui signifie «gagnons-nous» ou «dépassons-nous» afin de renforcer la capacité de la communauté à prévenir et à répondre à la violence basée sur le genre (VBG), Ce projet est mis en œuvre dans un consortium dirigé par IMA World Health (IMA); financée par USAID, les activités se concentrent sur la prévention et la réponse à la violence basée sur le genre (VBG) communautaire.Cette analyse s’est fait au niveau des provinces du Nord et Sud Kivu. Cette mission a été une opportunité de connaître le contexte de la RDC et notamment de ces deux provinces du Sud et Nord Kivu. Ce fut ma première fois dans la région et tout a été une découverte tant sur la culture que sur le travail de Search RDC. Avant d’arriver au pays, j’ai commencé à me documenter sur la violence basée sur le genre, le contexte de conflit et de sécurité, afin de connaître le contexte pour ne pas avoir une idée préconçue sur la zone. Toutefois, je ne voulais pas me bloquer dans cette découverte, mais autrement, je voulais me permettre de vivre l’expérience complète. En fin de compte, être sur le terrain est toujours différent que de lire les faits à travers les médias et les livres. Pour ma part, j’ai pu voir des zones rurales des deux provinces, lesquels m’ont permis de s’immerger complètement dans la culture et avoir une idée du contexte de la situation en matière de violence basé sur le genre.
La RDC est connue pour son histoire lié au conflit armé durant presque une vingtaine d’années. J’ai remarqué que la population ressent encore les stigmates de ces conflits. De même, l’ambiance générale de la vie demeure encore dans ce contexte. En effet, les forces de sécurité sont très présentes ainsi que la MONUSCO. Par exemple, la présence des hommes armés semble être le quotidien des habitants de la ville de Goma. Toutefois, cette situation peut être très déconcertante pour une personne de l’extérieur qui n’ai pas l’habituer à être entouré par des militaires ou policiers armés. En effet, à l’exemple, de la commune de Karisimbi, dans la ville de Goma, la population est très cosmopolite avec une forte agglomération de personnes déplacées venant des chefferies périphériques qui fuient les violences dont ils sont victimes dans leur communauté. Corollairement, cette commune est aussi devenue un espace propice à la violence et aux conflits ethniques de tout genre.
Outre cet exemple, le fait le plus marquant est aussi la relation au genre. Des normes catégorisant la femme comme un être inférieur à l’homme est très présente. Une norme qui favorise les violences envers les femmes. Comparé à Madagascar, même si l’indice de pauvreté demeure le même, la grande île n’a pas encore connu de conflit armé. Certes, Madagascar connaît des conflits liés à l’insécurité, mais la forte présence de forces de sécurité armée n’est pas dans le quotidien des Malgaches. De même pour les violences sexuelles, par contre, les violences basées sur le genre telles que le déni de droit et le déni d’héritage sont remarqués.
En ce qui concerne la relation de travail avec les Searchers de la RDC, la collaboration fut très fructueuse et enrichissante, notamment avec les membres de l’équipe DME. Durant ce temps, j’ai été en étroite collaboration avec l’analyste en conflit avec lequel on a développé les outils et la méthodologie. Le langage en suivi évaluation est universel ; la compréhension et la communication demeure fluide et claire. Le partage de la responsabilité a été faite de façon à avoir une complémentarité. Par exemple durant la phase de conception des outils, si j’ai développé les outils de collecte, l’analyste conflit de la RDC se chargeaient de contextualiser les questions pour être en accord avec la réalité et le contexte local. L’analyste de conflit de la RDC, fort de ses années d’expérience, a fait preuve d’une grande ouverture et flexibilité pour discuter ensemble de la méthodologie et de l’organisation de travail. Au-delà, de la collaboration pour cette analyse, la rencontre fut ouverte vers des discussions générales sur les expériences vécus au niveau des deux bureaux pays en matière d’analyse de conflit, à savoir entre le Madagascar et la RDC.
La grande avantage au sein de la famille Search est que peu importe le pays, les staffs partagent la même vision pour la consolidation de la paix. Les rencontres inter bureaux représentent toujours un moment de partage de savoirs et de connaissances et surtout de connaître la personne.
J’ai pu collaborer avec une équipe composé de congolais(e), cet aspect est très important surtout lorsque ton équipe de recherche a déjà travaillé avec Search et partage ta vision. En effet, l’analyste en conflit avec lequel j’étais en collaboration a su instaurer de très bonne relation avec son équipe, ce qui a vraiment rendu fluide la collecte de données et l’intégration sur terrain. Pour moi, l’intégration au sein de cette équipe locale était aussi une occasion d’observer et collectionner des informations utiles sur la situation de la violence basée sur le genre ainsi que leur perception sur la situation.
Avec cette analyse, on a utilisé un outil qui est la cartographie, laquelle est un outil participative où les participants au focus group de discussion pouvaient faire une représentation spatiale de leur communauté. Cette cartographie permettait à la communauté de représenter les zones où elle rencontre la plus de violence basée sur le genre. Cet outil, je vais l’expérimenter très prochainement pour une recherche avec un projet autour de la zone d’exploitation d’une compagnie minière. L’expérience de la RDC m’a permis de tester cet outil et ce fut très utile dans le cas où on a pu ressortir une cartographie des zones à risques et m’a permis de tirer les bonnes pratiques et les leçons apprises sur l’utilisation de l’outil.
Cette mission était une découverte culturelle et aussi un renforcement de mes connaissances pour faire une analyse sur le genre et le conflit, d’ailleurs on va faire une analyse des barrières avec un nouveau projet financé par UNFPA afin d’identifier les obstacles à la participation des populations dans la consolidation de la paix. J’encourage les équipes DME dans d’autres pays à saisir ce genre d’opportunité, lequel ne peut être qu’enrichissante.
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